Jeudi 30 mai – trek j2

La veille au soir, au repas, on discute un peu avec une française qui est sur le retour. On lui demande sur l’étape qui nous attend comment elle s’est sentie. Cela fait un mois qu’elle randonne, seule, au Pérou. Elle est pyrénéenne, donc la montagne, elle connait…. » C’est sans danger, complètement sécure… par contre c’est pentu, très pentu ! » Ça, c’est moins pour nous rassurer..

Départ quasi comme prévu (5h40), à la lampe frontale puisqu’il fait encore nuit. Les 2 premiers kilomètres sont tranquilles et la bonne nuit nous a tous remis sur pied. Mais ensuite ça se corse!!! Le chemin devient non seulement très pentu (on nous avait averti) mais il est très rocheux avec de nombreuses marches…

Assez vite, le souffle se fait court, le pas se ralenti… la mule dernière moi me pousse au fesses… puis Ortis  me propose de monter sur la mule. Je ne fais pas la difficile, j’accepte. Louana et Jérôme poursuivent tous les deux. C’est insolent comment les mules franchissent les obstacles avec facilité et gravissent la pente  aussi rapidement! Ortis suit le rythme à grandes enjambés, le souffle à peine haletant, en sandalettes avec une cigarette à  chaque pause! Pause pour moi à Santa Rosa Alta.

L’accueil y est frileux… je comprend que la maîtresse des lieux n’arrive pas à comprendre les français…au relais il y a donc cette femme avec « Dos ninios » une fillette de 2 ou 3 ans et un bébé d’une dizaine de mois (il se tient debout mais ne marche pas encore…) et deux hommes qui se ressemblent, deux frères sans doutes, le père et l’oncle , donc. Je comprends que Francis veut reférer ses mules… la montée avec le poids de la signora frances a mis à rude épreuve les fers!!!  Du coup il achète un kit de ferrage et s’affère, aidé du papa  à l’opération.

Avant cela, je vois Francis et l’oncle, sceller d’autres mules. Je ne comprends d’abord pas pourquoi. Puis je vois la maman changer son fils (et le laver, puisqu’une marchant pas , il fait du quatre pattes dans la terre battue).  La petite fille ne veut pas que sa maman la quitte. Elle lui fait alors la liste de tout ce qu’elle va pouvoir ramener pour lui faire passer la pillule de la séparation… Elle va rester avec son père. Louana dira plus tard qu’elle pense qu’ils n’echangent pas en espagnol mais queschua…

Au tout cas Francis est beaucoup plus à l’aise ici qu’à Chiquisca, pour preuve il a déposé son sac à dos alors qu’hier soir pas. Il nous racontait qu’il avait eu des histoires et c’est pour ça qu’on l’avait vu toute l’après-midi et soirée son sac au dos..

Une fois les mules prêtes( une bonne dizaine) , le bébé sur le dos, la maman prend la tête du cortège, l’oncle les accompagne pour gérer les mules.

Pendant ce temps là, Louana et Jérôme poursuivent leur ascension. Je commence à m’inquiéter ne les voyant pas arriver, en sachant que quand je les ai quitté, Jérôme commençait à ne pas être bien…

Ils arrivent enfin, 45 mn plus tard. Louana raconte combien son père était dans le dur…avec des arrêts tous les 5mn, des pauses hydration tous les 20 m…alors qu’hier il m’houspillait..et pourtant là, la totalité ou presque du trajet est à l’ombre et il n’est que 10h30! Après leur pause restauration, récupération, hydratation et le ferronage terminé (2 sabots de devant pour les deux mules-Ah oui , nous avons appris , malgré la ressemblance, que le « cheval « était aussi une mule!), nous reprenons la rando. Toujours un début plutôt facile et de nouveau un passage super pentu. De nouveau proposition de prendre « l’option monture », que j’accepte volontiers…je sens aussi que pour Jérôme ça craint un peu…En trois coups de cuillère à pot , les mules ont  gravi le restant du chemin.  Petit moment critique, une des mules s’engouffre dans le versant de la montagne, à la recherche de nourriture. Ma monture manque de la suivre. Petit frayeur pour moi! Ensuite les deux mules se bataillent la première place. Si bien que ma mule tente des petites courses qui me font flipper…avec le poids qu’elles supportent, l’une comme l’autre, je ne sais pas comment elles font !!Francis me dépose à peine à 500m de l’arrivée pour les laisser manger tranquillement.

Cette fois ci le site de notre lodge pour la nuit, est plus « coquet »… Pas de terre battue mais du ciment, tout est rangé, entretenu aux alentours des cabanes, des petites fleurs agrementent le pourtour du restaurant…

30 mn après moi, j’aperçois Jérôme sur la mule, bien content de se faire porter sur la dernière partie. Louana finira donc seule. Elle nous dit bien que c’est pour le coup plus difficile de marcher solo même si elle n’a plus à nous attendre, son allure ressemblant à la mienne dans la descente du premier jour.

La douche (chaude,en plus) est la bien venue.

Le repas est encore une bénédiction: soupe de verdure avec des morceaux de ce qui ressemble à du gingembre avec un liant à base de maïs (?). Puis un plat chaud de kinoa, légumes( haricots verts, carottes et brocolis) et morceaux de pollo qui ressemble au goût de dinde…

Le thé ( une tisane de camomille plutôt) et le café (ici il est servi très concentré, viscosité proche de la chicorée auquel on ajoute de l’eau chaude) finissent à nous ragallardir, enfin Louana et moi, parce que Jérôme peine à récupérer …. On décide de ne pas aller sur le site inca de Choquequirao aujourd’hui, trop fatigués. Francis nous dit que de toute façon, il est trop tard, il va faire trop chaud! 

Pour demain matin il nous propose de partir tôt, avec 2 mules pour gagner du temps. Sur le site, les mules ne pourront pas pénétrer. Pour l’ensemble de la visite, il faut compter 2 bons kms ( montée+ descente), retour au lodge en mules pour nous, Louana à pinces, pour le repas.

Puis redescente vers Chiquisqua. Et là j’apprends que l’inclinaison  ne  permet pas de descente en mule. Et là c’est chaud pour moi!!! Dopage, massage au baume du tigre et préparation mentale de mise. 

Notre trio a aussi une pensée pour toutes nos ampoules!! 

Alors on profite à fond de l’après midi repos.

Le lodge offre une vue fantastique sur les montagnes. De notre fenêtre, on aperçoit les colibris aux belles couleurs bleues et vertes. Les papillons de toutes les couleurs nous accompagnent sur le chemin également. Pas seulement, des pequinios mousquitos » de jours s’en donnent à cœur joie sur nos peaux d’occidentaux et principalement sur les mollets de Jérôme ! Et même au moment du pires du pire il nous rapporte qu’il n’avait plus la force de se battra avec eux. Et ça malgré la protection tropicale. La jungle est très proche, c’est pourquoi ils sont si nombreux…

Nous n’avons pas encore vu de Condors, ni d’ours à lunettes…peut être demain.